Numéro Une.

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Numéro Une.

1h5o.
FR.
Réalisatrice : Tonie Marshall.

SN : 11 Octobre 2o17.
Vu en salle le Jeudi 2 Novembre 2017, VOST.


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Je vais maintenant te parler d’un petit milieu aux grandes influences, une sphère close où tout se joue dans un mouchoir de poche, à savoir le monde des grosses entreprises, et les gros bonnets qui vont avec.
Ces sociétés qui siègent à la Défense, où l’on joue des coudes pour être le premier. Tous les coups sont permis, et quand t’essayes de gratter des points, tu pèses suffisamment lourd pour mêler tranquillou L’Elysée à tes embrouilles.
Mais ce milieu, vois-tu, est presque exclusivement masculin. Et c’est pas un hasard. Le machisme est roi, par tradition, convention, conviction ou simplement par injustice. Accéder à un gros poste, briser le plafond de verre, tenter de diriger la meute, c’est le bout du monde. Alors pour t’incruster à la tête d’une société du CAC 40, imagine un peu le foin.

Numéro Une traite de cet univers, et pointe du doigt la place de la femme.
Les films sur le monde du travail ne sont pas ceux que le public préfèrent, du coup t’en croises pas toutes les semaines. Mais ce sujet, plus spécifiquement, n’avait pas encore été traité sous cet angle.
Je vais donc te parler de cette proposition qui, malgré ses inégalités rythmiques, a le mérite d’apporter du neuf.

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L’atout principal ici, c’est Emmanuel Devos. Elle campe le rôle d’une femme d’affaire très influente, qui tire son épingle du jeu. Elle joue pile comme il faut, et porte vraiment le film.
Son personnage en impose. De grande droiture, elle en impose, elle bosse et boucle des journées en équilibre entre boulot et famille. Elle sait faire la part des choses, et n’en fait pas trois tonnes.
Si toi t’avais la moitié des messages qu’elle a sur son répondeur, tu soufflerais un coup avant d’attaquer la journée en priant pour que ça se calme. Mais elle, elle reste calme et elle enquille. Toujours un truc sur le feu, mais c’est l’jeu.

 

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Autre point intéressant : elle ne s’intéresse pas nécessairement au milieu féministe. Lorsque celui ci l’approche, elle reste distante. Bien que sa position l’y mêle implicitement, son féminisme n’est pas militant. Elle sait ce qu’elle vaut, sait faire cavalier seul, et fait de son féminisme une chose logique.
Cette absence d’engagement militant nous évite surement quelques raccourcis maladroits, et – c’est con à dire – elle permet peut être un schéma d’identification plus large.
Comprends par là que le féminisme militant est souvent mal représentée et stéréotypé. Y compris au cinéma. Là au moins on viendra pas taper sur la réalisatrice en la qualifiant de féministe enragée, et ça peut ramener un peu plus de monde en salle.

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Je parlais plus haut de quelques soucis rythmiques.
Je pense que c’est en partie dû au jargon que l’on ne décode pas, et aux magouilles que l’on a du mal à suivre. Dans son soucis du détail, la réalisatrice s’est immergée dans ce monde de requins, en a vu les rouages, et s’est imprégnée de son champ lexical. Résultat des courses : t’es vraiment en immersion. Et la dimension politique est parfois pesante. Mais en contrepartie, tu te perds facilement. Si t’es pas de la jaquette, ou un aficionados de la Défense, sors les rames maggle.

 

Au niveau des seconds rôles, il y avait fort à faire.
Les seconds rôles masculins – souvent mauvais- manquent de développement. Je n’ai pas été convaincue, malgré une bonne piste avec Biolay.
Quant aux seconds rôles féminins, je les ai trouvés un peu plus réussis (Coucou Suzanne Clément !). On vit de vrais moments, comme ces funérailles féministes dont les mots m’ont vraiment touchée. Mais encore une fois, j’ai regretté qu’on ne creuse pas plus les psychologies, surtout qu’on nous suggère pas mal de matière.

 

Le positionnement du film est très clair : s’il est en faveur des femmes, il refuse pourtant d’en faire des victimes. Et ça fait du bien. On nous montre des nanas avec de la gueule, de l’influence et des couilles.
Et ça, c’est en partie dû au fait qu’on aborde l’histoire du point de vue de la protagoniste, qui encaisse les fausses notes sans s’y arrêter et ne se victimise pas. Elle trace sa route, et renverse les autres, sans fioriture.

En ces temps où le combat féministe fait grand bruit, on aborde donc une problématique actuelle, à travers un féminisme au grand sens de la réalité. C’est novateur au cinéma. L’intervention d’un groupe de militantes permet en plus d’aborder et comparer les combats de par leurs niveaux, mais aussi les époques. (Les slogans des vieilles de la vieille ne sont jamais loin…).

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On vient taper sur une misogynie démagogique, sur ces choses qu’on essaye de faire passer à grands renfort de vaseline.
D’autre part les réalisme de la réalisation, du jeu et de l’image permettent de ne pas sombrer dans la caricature. Et ça c’est excellent.

Mais la mise en forme reste malgré tout trop classique, et surtout je suis restée sur ma faim.
Parce qu’un potentiel immense était là, c’est indéniable, et on aurait pu taper plus fort, sortir davantage les griffes.


Bergamout
Lundi 13 Novembre 2o17.
Catégorie « Septième Art ».

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